La Chine et l'Ukraine gouvernent les grains

Une nouvelle fois, la Chine fait la une du 28e rapport Cyclope, rédigé sous la direction de Philippe Chalmin. « La Chine pèse sur l'ensemble des marchés mondiaux, c'est logique qu'elle soit le personnage principal de ce livre », justifie l'économiste de Paris-Dauphine.Par exemple, depuis plusieurs mois, l'empire du Milieu se prend à refuser du maïs OGM américain (MIR 162) mais, à la place, « il a importé du sorgho mexicain et américain, qui contient sans doute un peu de ce maïs », rend compte François Luguenot, responsable de l'analyse des marchés chez InVivo, et rédacteur du chapitre céréalier de l'édition 2014 du Cyclope. Et d'analyser les récents défauts d'achats chinois de soja pour 500 000 t. « Les banques chinoises réclament 30 à 40 % de garantie aux acheteurs, ce qui est nouveau », commente-t-il.

Mais de manière générale, « les chinois utilisent les stocks de matières premières pour spéculer sur les marchés dans le cadre d'un gigantesque casino à ciel ouvert ». Au final, l'ouvrage prévoit des cours en baisse globalement pour 2014 en ce qui concerne les matières premières agricoles (voir infographie), observant un bilan plutôt lourd pour le maïs et anticipant une baisse des importations chinoises en blé et des emblavements de soja américain en hausse. Mais ces prévisions, finalisées en début d'année ne tiennent pas compte ni d'un éventuel phénomène El Niño, ni des récents événements géopolitiques en Ukraine. Depuis mars, les marchés des grains ont vécu au diapason de ce qui se passait du côté de l'Ukraine. « La désorganisation qui y règne est facteur d'ignorance et donc de risque », analyse François Luguenot. Côté russe, ce n'est pas mieux. « Aujourd'hui, personne n'achète de nouvelle récolte russe, pour des raisons pour l'instant plus financières que logistiques. »

Renaud Fourreaux

(1) Cyclope 2014, « Les Marchés mondiaux, dans le rêve du pavillon rouge », Editions Economica (810 pages), 139 €. Plus d'informations sur www.cercle-cyclope.fr